Demandez à l’expert : Shefali Panse

Cet automne, la chronique Demandez à l’expert présentera les lauréats des Prix du CBDCA 2024, un concours national qui reconnaît les membres qui contribuent à l’essor du bâtiment durable au Canada. Nous commençons avec Shefali Panse, lauréate du Prix du leader écologique de l’avenir, un prix décerné à un étudiant ou à un jeune professionnel méritant qui apporte une contribution importante à la promotion, à l’éducation ou à la pratique du bâtiment durable ou de l’aménagement de collectivités durables.

Nous nous sommes récemment entretenus avec Shefali Panse et Charles Marshall, représentant de la firme DIALOG, commanditaire de ce prix, pour discuter du parcours de Shefali et de ce qui lui a valu ce prix.

Shefali, parlez-nous un peu de vous, de votre passion pour les matériaux et de ce qui vous a amenée à consacrer votre carrière à l’amélioration de la durabilité environnementale?

Je suis gestionnaire de produits chez Certainteed, un fabricant de matériaux de construction et une filiale de Saint-Gobain, une entreprise pour laquelle je travaille depuis un peu plus de cinq ans. J’ai d’abord fait partie du service de recherche et développement avant d’occuper un poste qui me met en contact avec les clients et tout ce qui concerne les produits.

Je suis une ingénieure chimiste et dès ma première année d’études universitaires, je suis tombée sur le merveilleux ouvrage de William Callister sur la science des matériaux qui est vite devenu mon livre préféré sur ma matière préférée. Ce livre m’a incitée à m’intéresser davantage à la contribution de la science et de l’ingénierie des matériaux pour façonner notre avenir. Peu après, j’ai déménagé aux États-Unis pour poursuivre mes études de maîtrise.

Je m’intéressais de plus en plus aux technologies émergentes lorsque j’ai entendu parler de nouvelles technologies comme les revêtements superhydrophobes et le verre intelligent et de leur utilisation dans la fabrication et la construction. J’ai voulu travailler pour une entreprise qui utilise ces technologies pour relever les défis de la durabilité, car cela correspondait tout à fait à ma façon de penser. Lorsque j’ai découvert Sage Glass, une autre filiale de Saint-Gobain, j’y ai vu la parfaite combinaison de la technologie et de la durabilité.

Dans le cadre de votre travail à Saint-Gobain, vous êtes devenue une leader du domaine des matériaux durables. Quel est selon vous votre plus grande réalisation ou le projet qui vous a permis de vous imposer à ce titre?

Je suis fière de participer au projet de modernisation de notre usine de gypse de Montréal pour en faire la première usine de cloisons sèches carboneutre en Amérique du Nord, et la deuxième au monde, derrière notre installation de Norvège. En raison de sa grande capacité, bon nombre des produits fabriqués à cette installation peuvent être utilisés partout dans le monde, ce qui lui donne un impact local et mondial. Grâce à notre participation avec des équipes de partout, nous sommes en mesure de trouver de nouvelles idées, de renforcer les compétences et de créer ainsi un modèle à suivre pour l’électrification au Canada.

Sur le plan personnel, je dois activer mes neurones pour résoudre des questions techniques et trouver des solutions tangibles que nos parties prenantes peuvent comprendre. Par exemple, lorsqu’il est question de DEP, nous devons les examiner de notre point de vue, mais aussi de celui des entrepreneurs et des installateurs. J’aime notre façon d’aborder les questions sous différents angles pour assurer la plus grande adhésion possible à une approche orientée vers les entreprises et vers les individus.

Pouvons-nous revenir sur le secteur du bâtiment durable et parler du rôle réel que jouent les fabricants de matériaux de construction dans l’écosystème pour atteindre la carboneutralité et soutenir les bâtiments durables?

Je pense que les fabricants ne sont généralement pas au premier plan, en partie parce qu’ils sont encore en train d’apprendre comment opérer un changement. En même temps, ils sont ceux qui innovent et qui créent des solutions pour soutenir le secteur. Les fabricants pourraient par exemple s’intéresser à tous les niveaux ou à toutes les phases du cycle de construction.

À Saint-Gobain, nous étudions et nous investissons considérablement dans des solutions numériques. Nous travaillons avec des fabricants qui peuvent livrer des produits qui réduisent les déchets, diminuent les délais de livraison et simplifient les processus d’installation pour accroître l’efficacité. Le secteur dans son ensemble peut tirer profit de processus simplifiés en faisant preuve d’un peu de créativité. Cela peut s’appliquer aux ressources, y compris aux équipements, par exemple, mais aussi aux services.

L’innovation et l’atteinte de la carboneutralité sont certainement des objectifs difficiles à atteindre. À quels défis êtes-vous confrontée dans l’élaboration et le marketing de solutions durables et quels outils avez-vous développés pour les surmonter?

Il y a des défis, bien sûr, et le premier que j’aimerais souligner porte sur la définition de la durabilité, qui n’est pas toujours la même pour tout le monde. On peut parler de sobriété carbone ou de circularité, de bien-être et de santé, de bien-être des personnes. Il y a différentes composantes à la durabilité et nous pouvons tenter de toutes les prendre en compte sans toutefois accomplir grand-chose ou au contraire nous concentrer sur l’une d’entre elles à la fois. Mon approche est centrée sur l’impact le plus important. Par ailleurs, la réglementation pose un autre défi. Les mesures incitatives actuelles ne sont pas toujours suffisamment spécifiques, de sorte que les candidats les demandent pour des raisons différentes. Ces mesures doivent mieux concorder avec nos objectifs à long terme, ce qui pourrait aider les fabricants à promouvoir leurs produits en vue d’une plus grande adoption; c’est l’une des façons d’accroître la circularité.

Restez à l’affût pour l’entretien complet qui sera bientôt disponible à la demande.