Demandez à l’expert : Navid Hossaini
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Avec plus d’une décennie d’expérience dans le service-conseil en durabilité et la planification de la décarbonisation, Navid Hossaini, président-directeur général de Recollective, a géré plus de 50 bâtiments à haut rendement en Amérique du Nord et a collaboré avec des partenaires universitaires, industriels et gouvernementaux sur de nombreux projets d’innovation et de recherche et développement. Voici son point de vue sur la meilleure façon d’acquérir et de diffuser des connaissances dans le monde en constante évolution du bâtiment à carbone zéro.
Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours professionnel?
Mon parcours dans l’ingénierie a commencé quand j’étais ingénieur civil/structurel en formation, où j’ai eu l’occasion de travailler sur des projets de bâtiment durable dès 2008. C’est à cette époque que j’ai commencé à m’intéresser de près au rôle de la durabilité dans l’environnement bâti. Reconnaissant l’importance croissante des bâtiments durables et à faible émission de carbone, j’ai obtenu une maîtrise et un doctorat à l’Université de la Colombie-Britannique, en me concentrant sur les solutions de construction à haut rendement, à faible émission de carbone et durables.
J’ai rejoint Recollective Consulting à Vancouver il y a 13 ans en tant que stagiaire et, au fil du temps, j’ai accédé à des postes de direction, avant de devenir président-directeur général il y a cinq ans. Aujourd’hui, je dirige une équipe dévouée et passionnée par la promotion de la durabilité et de la résilience dans la conception et la construction des bâtiments.
Après des années de pratiques pionnières en matière de bâtiment durable à Vancouver, en décembre 2024, nous avons fait passer Recollective à la vitesse supérieure en joignant nos forces à celles de CIMA+, un cabinet ayant une forte présence à l’échelle nationale. CIMA+ partage notre engagement à développer l’expertise en matière de bâtiment durable partout au Canada, et ce partenariat nous permet de combiner nos connaissances et nos ressources pour relever de nouveaux défis et avoir une incidence considérable en matière de développement durable.
Quand avez-vous commencé à enseigner les cours du CBDCA et que signifie faire partie du corps professoral du CBDCA?
L’enseignement a toujours été l’une de mes plus grandes passions. Il n’y a rien de plus gratifiant que de faire part de ses connaissances, d’inspirer la curiosité et de donner aux professionnels les moyens de créer un avenir plus durable.
J’ai commencé à enseigner les cours du CBDCA en 2023, en commençant par les cours de préparation à l’examen d’associé écologique LEED. Depuis, j’ai collaboré avec la talentueuse équipe du CBDCA pour développer et donner des cours sur le programme du bâtiment à carbone zéroMC (BCZ), notamment des ateliers et des cours pour le microtitre BCZ.
Faire partie du corps professoral du CBDCA est une expérience profondément enrichissante. Il me permet de jouer un rôle dans l’élaboration de l’avenir de l’industrie canadienne de la construction durable, en dotant les professionnels des connaissances et des compétences nécessaires pour concevoir et construire des structures résilientes, efficaces sur le plan énergétique et à faible émission de carbone. Grâce à l’éducation, nous pouvons accélérer l’adoption de pratiques de construction écologiques et contribuer à faire de la durabilité la norme plutôt que l’exception.
Comment garantir la cohérence, la fiabilité et la disponibilité des données pour une analyse du cycle de vie de l’ensemble du bâtiment (ACVeb)? Quelle est son importance dans le maintien ou l’amélioration de la valeur des actifs?
La précision et la fiabilité des ACVeb dépendent de la qualité des données, ce qui reste un défi important pour l’industrie. Nous avons besoin de ce qui suit :
- des méthodologies normalisées;
- des directives claires sur la portée de l’ACV, les hypothèses et les paramètres de déclarations;
- des bases de données fiables sur les matériaux – l’accès à des déclarations environnementales de produits actualisées et propres à chaque région;
- une analyse comparative cohérente – bases de référence communes à l’industrie pour comparer les performances et fixer des objectifs réalisables en matière de réducation du carbone;
- l’ntégration avec les outils de conception – incorporation transparente de l’ACVeb dans les données du bâtiment et les logiciels de modélisation énergétique.
Les investisseurs, les promoteurs et les propriétaires de bâtiments reconnaissent de plus en plus que les bâtiments à faible émission de carbone permettent non seulement de réduire les coûts opérationnels à long terme, mais aussi d’atténuer les risques réglementaires futurs et de renforcer la compétitivité du marché.
Comme vous le savez, l’ACVeb est une exigence pour les projets visant à obtenir la certification BCZ. Comment les normes et les certifications peuvent-elles orienter le secteur?
Les normes et certifications jouent un rôle essentiel dans l’orientation de l’industrie vers des bâtiments à consommation carboneutre et à faible émission de carbone. Le secteur a besoin de lignes directrices, de critères et d’incitations clairs pour garantir l’adoption réussie de l’ACVeb. Les certifications telles que BCZ fournissent ce qui suit :
- une feuille de route claire – décrire les pratiques exemplaires pour réduire le carbone opérationnel et le carbone intrinsèque;
- des méthodologies normalisées – garantir la cohérence des rapports d’ACV et de la vérification du rendement;
- une crédibilité de marché – reconnaître et récompenser les projets qui font preuve d’un véritable leadership en matière de décarbonation;
- l’accélération du marché – encourager l’adoption par l’intermédiaire de l’harmonisation des politiques et des mesures incitatives.
En matière d’analyse du cycle de vie du carbone, comment éviter de construire le navire en cours de navigation?
Excellente question! L’importance de l’analyse du cycle de vie (ACV) du carbone – qui prend en compte à la fois le carbone opérationnel et le carbone intrinsèque – transforme la façon dont nous abordons la décarbonation des bâtiments. Historiquement, l’industrie a fortement mis l’accent sur le carbone opérationnel (consommation d’énergie pendant la durée de vie d’un bâtiment) tout en négligeant le carbone intrinsèque (émissions provenant des matériaux et de la construction). Cette situation a laissé une lacune importante dans nos stratégies de décarbonation.
Pour éviter de « construire le navire en naviguant », nous devons agir de façon proactive plutôt que réactive. La priorité devrait être donnée à la rénovation et à la décarbonation des bâtiments existants, afin de réduire le besoin de nouveaux matériaux et de nouvelles constructions. Pour les nouvelles constructions, trois domaines doivent être privilégiés :
- les matériaux à faible teneur en carbone (p. ex., béton bas carbone, bois massif, isolation naturelle);
- les stratégies de conception passive (maximiser l’efficacité par l’architecture plutôt que par les systèmes mécaniques);
- les sources d’énergie propres (utilisation d’énergie renouvelable pour minimiser l’incidence du cycle de vie).
La transformation du marché est essentielle. À mesure que la demande de matériaux à faible teneur en carbone augmentera, les chaînes d’approvisionnement réagiront, créant davantage de disponibilité et de choix rentables. La collaboration du secteur, l’harmonisation des politiques et des critères de référence clairs garantiront la transition vers une construction à faible émission de carbone sans compromettre la qualité, l’accessibilité financière ou la résilience.