Demandez à l’expert : Josée Lupien

Personnel du CBDCA on juin 26, 2024

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Innovatrice, visionnaire et une pionnière déterminée en matière de bâtiment durable depuis plus de 20 ans, Josée Lupien est une ambassadrice experte du virage environnemental. Madame LEED comme on l’appelle souvent a été impliquée dans les premiers projets LEED au Québec depuis 2002 et compte à son actif 200 projets LEED, WELL, Bâtiment à Carbone Zéro et en développement de stratégies de durabilité. Josée est la récipiendaire du Prix pour l’ensemble d’une carrière de 2024. Elle nous en dit plus sur son engagement pour des bâtiments plus sains et accueillants, sa passion pour le bien être et sur son parcours.

Comment est née votre passion pour le bâtiment durable?

À la base je viens du domaine des sciences de la santé, et l’aspect humain et le bien être ont toujours été très importants pour moi. Avant de me specialiser dans le bâtiment durable, j’ai travaillé comme représentante des spécifications architecturales pour un manufacturier, j’avais la chance de collaborer avec les architectes, autant dire que les matériaux n’avaient plus de secret pour moi.

J’ai découvert la certification LEED dans le cadre de l’un des premiers projet au Québec où la compagnie que je représentais avait le seul produit qui répondait aux exigences LEED. À la même époque, le Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCA) voyait le jour. Cette passion pour le bâtiment durable, les matériaux et le bien être a rapidement fait partie de mes discussions avec mes pairs. Très vite ensuite j’ai commencé à partager mes connaissances sur la certification et présentait LEED aux architectes dans l’objectif de démystifier ces nouveaux concepts. Je me suis investie à fonder la section du Québec du CBDCA au début des années 2000, et le bâtiment durable est devenu ma mission personnelle. C’est la que j’ai cofondé Vertima avec mon associé Jean DesRosiers, en 2008. La passion a donc toujours été là, j’avais juste besoin d’un élément déclencheur pour en faire une vocation.

Vous avez plus d’une centaine de projets à votre actif, et la demande de bâtiments durables ne fait qu’augmenter. Quelles les solutions peuvent facilement être reproduites à grande échelle ? 

En effet, nous avons réalisé plus de125 bâtiments certifiés et avons présentement 76 projets en cours. A cela s’ajoutent nos autres mandats d’analyses, de rapports de divulgation et de certifications environnementales de produits. Pour ce qui a trait au bâtiment durable, j’ai constaté au cours des dernières années plus d’importance au niveau de la performance de l’enveloppe, de la transition et performance énergétique, encore plus maintenant avec les certifications Bâtiment à carbone zéro (BCZ). Il y a aussi la question du carbone intrinsèque des matériaux. Au fil des projets, ça devient comme une seconde nature de voir comment on peut réduire le carbone intrinsèque. Dès le début d’un projet nous procédons à l’analyse de cycle de vie de bâtiment. Il y a aussi le choix du site qui joue un rôle important dans l’intégration du projet dans son environnement, de sorte qu’il ait une empreinte environnementale minime. Il y a des points « bonbons » que nous pouvons atteindre grâce à des décisions en amont.

Un projet de bâtiment durable c’est principalement du gros bon sens et du contrôle de qualité. Avec une certification LEED ou autre, cela nous oblige à mesurer nos performances et non juste avoir des intentions, en plus d’être audité par un tier, cela apporte une rigueur dans les performances du projet. Les bonnes pratiques que l’on développe au fil du temps deviennent peu à peu la règle, et les exigences d’aujourd’hui deviennent la norme demain, ce qui nous permet de placer la barre plus haut en accumulant de l’expérience.

Environ 25 pour cent de vos projets sont basés à l’extérieur du Québec, au Canada et à l’étranger. Comment exportez-vous votre expertise ?

Nous agissons comme tierce-partie auprès des manufacturiers à l’échelle nationale et internationale, notamment pour produire les déclarations environnementales de produits (DEP) et les déclarations sanitaires de produits (DSP). Ces normes et protocoles sont reconnus à l’international. Notre clientèle nous contacte principalement par le biais de références, de nos partenaires et de bouche-à-oreille. Nous avons même une partenaire en Égypte avec qui nous développons ce marché. La collaboration, la rigueur, la transparence et la création de valeur pour nos clients sont nos principales valeurs, et nous sommes privilégiés de tisser des liens avec ceux et celles qui partagent cette même passion. Les qualifications de notre équipe et nos nombreux projets depuis déjà 16 ans dans le domaine ont fait preuve de rigueur et d’assiduité ce qui aujourd’hui nous permet d’avoir des référents internationaux tel qu’EPD International.

Vertima a réussi à s’attaquer à la décarbonation des immeubles résidentiels à logements multiples. Quelle est votre approche pour amener les propriétaires et les promoteurs d’immeubles résidentiels à répondre aux exigences de la Norme du bâtiment à carbone zéro – Design ?

Vertima coordonne effectivement plusieurs projets BCZ, de plus, par notre expertise dans les matériaux, nous réalisons l’analyse de cycle de vie du bâtiment pour l’évaluation du carbone intrinsèque. Là encore nous avons la chance d’avoir un bon réseau de partenaires dont des ingénieurs qui traitent le volet de transition énergétique. Particulièrement pour la certification BCZ, la complémentarité de nos expertises nous permet de couvrir les deux dimensions : carbone opérationnel et carbone intrinsèque. Je réitère que la collaboration est essentielle aujourd’hui avec des gens qui ont les mêmes valeurs et le même professionnalisme que nous.

Les propriétaires et promoteurs immobiliers font de la certification un levier pour promouvoir leur projet sur la base du bilan carbone. Nous devons expliquer que le carbone intrinsèque est tout aussi important, sinon plus, pour réduire l’empreinte. En amont d’un projet, nous prenons le temps de bien informer nos clients sur la certification. Clarifier ce que cela implique, les étapes, et la création de valeur pour leurs actifs ! Il faut vraiment définir les enjeux et les opportunités pour permettre au client d’avoir une vision globale, une bonne compréhension pour prendre les meilleures décisions.

Quel est votre principal point à retenir de Bâtir un changement durable 2024 ?

Tout va vite à l’échelle individuelle mais pas assez vite à l’échelle de l’industrie. Durant ces deux jours j’ai eu l’occasion de prendre du temps pour discuter avec mes pairs et de confirmer notre vision commune. Il y a eu des efforts au niveau des finances, au niveau des engagements du gouvernement fédéral avec l’annonce sur la Stratégie pour un gouvernement vert, l’annonce d’Efficiency Capital et de la Banque de l’infrastructure du Canada pour les rénovations. Les rénovations sont très importantes, tout simplement parce que le parc immobilier existant nous permet de réutiliser les matériaux au lieu d’en acheter de nouveaux, et c’est là que la différence peut se faire sur le carbone intrinsèque. Ce que j’ai retenu aussi c’est l’importance d’harmoniser les méthodes, entre autres pour le calcul de l’analyse de cycle de vie du bâtiment. On a aussi beaucoup parlé de l’importance du partage des leçons apprises. J’ai aussi aimé le sommet national sur le carbone intrinsèque, car il a pu réunir des experts du domaine, des parties prenantes, des décideurs, des architectes et bien d’autres personnes pour stimuler notre cerveau collectif. Tout au long de la conférence j’ai pris du temps pour discuter avec mes pairs, de créer des liens d’affaires et surtout de confirmer notre vision commune. Ça a été un rappel pour moi qu’aujourd’hui il faut faire plus avec moins.

Que représente pour vous le Prix pour l’ensemble d’une carrière ? Un mot sur vos prochains défis?

Pour moi c’était une grande surprise. Honnêtement, je n’ai jamais anticipé que je recevrais cette reconnaissance au même titre que des personnes que j’admire depuis longtemps comme Daniel Pearl et Peter Busby. Personnellement, j’ai toujours fait les choses par conviction et alignées avec mes valeurs profondes de contribuer au changement. Recevoir ce prix m’a aidé à prendre du recul, de penser au chemin parcouru au cours des 20 dernières années et d’avoir l’espoir que le virage que nous vivons à l’échelle mondiale permettra d’accélérer encore plus nos connaissances collectives et nos pratiques.

Si j’en suis là aujourd’hui, ça veut aussi dire que j’ai encore beaucoup à donner. Ce prix est un vrai boost d’énergie, je considère être responsable plus que jamais de poursuivre, en tant qu’ambassadrice, à faire rayonner le bâtiment durable. Je me sens privilégiée de porter cette mission avec mon conjoint et associé Jean DesRosiers, avec qui ce rêve est devenu une réalité. Vertima n’existerait pas sans sa vision et son soutien au quotidien. Je suis également très fière de notre équipe qui porte notre mission avec autant de conviction.

Prendre soin des bâtiments c’est prendre soin des générations futures, et nous devons nous retrousser les manches, briser les silos et collaborer car il y a encore beaucoup à faire. Nous avons la chance de pouvoir compter sur des organismes telle que le CBDCA pour mener à bien notre mission collective. Merci à Thomas Mueller et toute l’équipe du CBDCA pour vos efforts au quotidien, je suis fière d’être de faire partie de votre grande famille !

Je lance le défi de doubler le nombre de projets BCZ d’ici la prochaine conférence BLC à Vancouver l’année prochaine ! Qui veut y participer ?

Soyons tous les leaders d’aujourd’hui et de demain !

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