Demandez à l’expert : Graham Girard

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Décerné chaque année, le Prix de l’habitation inspirante des Prix du CBDCA reconnaît un projet résidentiel à haute performance qui illustre un engagement envers la durabilité et qui tient compte de questions d’équité sociale, comme l’abordabilité et l’accessibilité. Parrainé par Enbridge, le prix de 2024 a été décerné à SFU Affordable Housing, un projet d’habitations communautaires à haute performance dans le quartier UniverCity du campus Burnaby de l’Université Simon Fraser.

Nous nous sommes récemment entretenus avec Graham Girard, architecte associé et membre de l’équipe du projet chez Local Practice Architecture + Design pour discuter de la conception de ce projet.

Ce projet a été conçu dans un objectif d’inclusivité pour que les résidents apprennent à se connaître les uns les autres et dans une approche communautaire, dès le départ. Comment cette approche favorise-t-elle les liens et quelles sont les implications plus larges de ce projet pour la communauté?

Je pense que l’aspect communautaire est vraiment attribuable au client, le SFU Community Trust, qui a reçu le mandat de construire tout un quartier habitable au sommet du campus Burnaby de la SFU, un campus de navetteurs où les gens passaient la journée et redescendaient en autobus ou en automobile en début de soirée. Jusqu’alors, il n’y avait pas beaucoup de logements sur le campus pour les familles ou les personnes handicapées. Or, il s’agissait d’un groupe démographique cible que le Trust voulait vraiment accommoder en utilisant ce dernier terrain de son nouveau plan directeur. Le Trust a été la force motrice de ce projet et a retenu nos services pour relever ce défi.

Les tours en béton de 12 à 15 étages sont en quelque sorte la typologie typique des environs de l’Université, et nous voulions réduire la hauteur des bâtiments. Nous avons opté pour deux bâtiments différents de moindre hauteur pour qu’il y ait moins de personnes sur les étages et que les résidents puissent vraiment apprendre à se connaître dans le cadre d’interactions aléatoires, simplement en se rencontrant dans les corridors ou dans les escaliers et en étant actifs sur le site plutôt qu’en utilisant des ascenseurs comme ils le feraient dans un plus grand bâtiment. Un bâtiment d’au plus six étages se parcourt facilement et les escaliers sociaux encouragent les gens à converser en montant et en descendant.

De plus, chaque étage comprend un espace de la taille d’un studio qui n’est pas une résidence, mais une salle d’étude commune entièrement vitrée qui apporte de la lumière dans les corridors et qui sert en quelque sorte de salle de séjour pour cet étage où les enfants peuvent jouer et les étudiants étudier ensemble jusque tard dans la soirée. Plutôt que d’avoir des buanderies dans chaque logement, nous avons voulu là aussi mettre l’accent sur l’aspect communautaire en ayant une buanderie commune dans chaque bâtiment, ce qui crée une autre occasion de voir ses voisins et d’entamer une conversation. Les résidents peuvent surveiller par la fenêtre leurs enfants qui jouent dans la cour, un espace qu’ils peuvent réserver pour la garderie, les fêtes et toutes sortes d’événements organisés par les résidents.

Le projet a été confronté à plusieurs défis, notamment un terrain inégal, une juridiction partagée sur les terres, des pénuries mondiales dans la chaîne d’approvisionnement, une riche biodiversité à protéger et l’abordabilité pour les occupants. Comment l’équipe du projet a-t-elle géré toutes ces priorités?

Ce terrain profond a posé un véritable défi, et c’est probablement l’une des raisons pour lesquelles ce dernier terrain du quartier universitaire n’avait pas été cédé à des promoteurs, et qu’il a été le dernier à être aménagé. C’était vraiment un terrain difficile. Il s’étend sur une hauteur correspondant à trois étages, ce qui constitue une pente assez raide à franchir tout en s’intégrant à l’environnement. Notre approche a consisté à diviser le projet en deux masses distinctes, auxquelles s’ajoute un troisième bâtiment pour les services collectifs et une cour au centre qui nous aide à absorber une partie de cette pente. Les bâtiments sont en quelque sorte échelonnés verticalement, ce qui permet de réduire le terrain et de s’ouvrir au nord sur un boisé que nous avons traité comme une ligne de lot zéro. Cela a permis d’amener l’écologie naturelle dans la cour, avec une biodiversité et des plantations indigènes. Nous avons des fraises sauvages, de l’achillée et des fleurs sauvages de toutes sortes que les résidents peuvent cueillir et rapporter chez eux. Ces espèces indigènes sont résistantes à la sécheresse et au climat et soutiendront la biodiversité naturelle du site.

Sur le plan de l’abordabilité, nous utilisons certaines stratégies clés, la première étant la simplicité de la volumétrie : trois masses, aussi simples que possible, disposées en étages sur le site. La construction qui minimise les ponts thermiques est plus simple. La deuxième stratégie a consisté à concentrer le budget là où il pouvait avoir le plus d’impact. Environ 90 pour cent du budget du projet a été consacré à la structure des fondations et à une enveloppe thermique très performante. C’est ce qui a été le plus coûteux. Il restait donc 10 pour cent pour fournir des matériaux de finition sains et de grande qualité afin de créer des espaces de vie de qualité pour les résidents. Les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement ont posé un défi de taille, car nous avons construit pendant la pandémie, avec toutes les exigences de distanciation entre les personnes. Les ouvriers ne pouvaient pas se trouver dans le même espace en même temps, même les différentes personnes d’une même équipe devaient être séparées, ce qui a entraîné de nombreux retards dans l’échéancier de construction. Plusieurs matériaux n’étaient plus disponibles en raison de pénuries dans la chaîne d’approvisionnement. Des cargaisons entières de revêtements de sol sont restées bloquées et d’autres ont tout simplement disparu, ce qui nous a obligés à travailler rapidement et en collaboration avec le gérant de construction. C’était un défi majeur, mais l’approche collaborative et les bonnes relations de travail avec l’entrepreneur général nous ont permis de le relever.

Pourriez-vous décrire certaines des principales caractéristiques de réduction des GES et de la consommation d’énergie de ce projet?

Je pense que la plus importante est la simplification de l’enveloppe thermique et de la masse. L’une des caractéristiques qui sautent aux yeux en regardant le projet, c’est la simplicité des formes. Chaque bâtiment est un rectangle extrudé et nous avons maintenu le ratio fenêtres-mur à environ 25 pour cent de l’enveloppe thermique par rapport à l’aire brute de plancher. Il n’y a pas de fenêtres qui dépassent ou qui sont en retrait, pas de balcons et pas d’accès à la toiture autres que des trappes de toit à barrière thermique. Nous avons également exclu le stationnement de l’enveloppe thermique. La deuxième stratégie, à laquelle j’ai déjà fait allusion, consistait à articuler les bâtiments avec des éléments tels que des escaliers, des auvents au-dessus des portes et des pare-soleil au-dessus des fenêtres donnant sur le sud et l’ouest, puis à les revêtir de manière à ce que chaque masse ait une identité unique. La troisième stratégie consistait à concevoir des murs épais pour une enveloppe thermique très perfectionnée. Nous avons travaillé d’arrache-pied avec le BCIT et le RDH pour affiner nos assemblages et nos détails de manière à ce qu’ils restent robustes et simples, tout en optimisant la valeur thermique et en assurant l’étanchéité à l’air. Cela m’amène au point suivant : l’étanchéité à l’air. Il est très facile d’augmenter l’étanchéité à l’air dans un modèle énergétique et de se dire que nous obtiendrons d’excellents résultats, mais il est plus difficile de la réaliser sur place. Nous avions une personne que nous appelions le « patron de l’étanchéité à l’air », et son travail consistait à trouver chaque trou et chaque bâillement, et à travailler avec le corps de métier concerné pour s’assurer qu’ils étaient réparés. Toutes les sources potentielles de fuite d’air que nous avons trouvées ont été étanchéisées avant l’installation. Pour nos fenêtres et nos portes, nous avons opté pour la meilleure qualité possible. Nous n’avons pas voulu lésiner sur ces matériaux.

Une vidéo de l’entrevue complète sera bientôt disponible. Restez à l’affût!

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