COP28 : Qu’est-ce qu’elle signifie pour le secteur du bâtiment du Canada?

Thomas Mueller on décembre 15, 2023

Thème
Sensibilisation

Récemment, j’ai eu l’occasion de me rendre à Dubaï, aux Émirats arabes unis, pour participer à la Conférence sur le changement climatique des Nations Unies à titre d’observateur. C’est la première fois que le CBDCA participait à ce qui est décrit comme le seul forum décisionnel multilatéral sur le changement climatique auquel adhèrent presque tous les pays du monde.

La COP28 est le plus grand rassemblement d’États, d’organisations internationales et d’organisations non gouvernementales. Plus de 90 000 délégués participants ou observateurs y assistent et on prévoit que 300 000 personnes visiteront les espaces publics de la COP28. Le CBDCA était présent en tant que membre du World Green Building Council et de la coalition mondiale BuildingToCOP, que Cristina Gamboa, PDG du WorldGBC, a soutenu en tant que notre ambassadrice mondiale.

L’obtention du statut d’observateur est un processus qui s’échelonne sur un an. Nous avons donc été ravis que le CBDCA puisse être représenté par moi, ainsi que Brent Gilmor, directeur commercial, et Jean-Marc Fagelson, notre conseiller en matière de sensibilisation et d’affaires gouvernementales.

Avec la publication du bilan mondial (le Global Stocktake), et une référence pour la première fois à la transition hors des énergies fossiles, il y a quelques gains importants sur lesquels le secteur du bâtiment peut se concentrer. Selon les Nations Unies, « le bilan mondial est un tournant décisif dans notre lutte contre l’aggravation du changement climatique. C’est l’occasion de jeter un regard approfondi sur l’état de notre planète et de tracer une meilleure voie pour l’avenir. »

Ce que peuvent en retirer les membres du CBDCA

Le lancement des initiatives Breakthrough sur les bâtiments et Breakthrough sur le ciment et le béton a été déterminant pour notre secteur. Le Canada a agi comme coprésident du Breakthrough sur le ciment et le béton et a été représenté par Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique et par le chef de la délégation canadienne à la COP28, ainsi que par François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, et Catherine Stewart, l’ambassadrice pour le changement climatique.

Dans le cadre de l’initiative Breakthrough sur les bâtiments, dirigée par la France et le Maroc, avec le soutien de GlobalABC et le WorldGNC, 28 pays se sont engagés à « faire des bâtiments résilients à quasi zéro émissions de gaz à effet de serre la nouvelle norme d’ici 2030 », ce qui est en phase avec l’orientation stratégique et les efforts du CBDCA.

Le ministre Champagne a présenté l’initiative Breakthrough sur le ciment et le béton, un effort mondial visant à diffuser les meilleures pratiques pour décarboner ce secteur vital. Dans son discours, il a souligné le projet d’installation de captage et de stockage de carbone carboneutre de Heidelberg Materials en Alberta et l’ambassadrice Steward a animé un panel sur cette question.

De plus, le Forest and Climate Leader’s Partnership (FCLP) qui vise à verdir la construction, a annoncé une coalition de 17 pays, dont le Canada, qui se sont engagés à faire progresser des politiques et des approches qui soutiennent la construction à faibles émissions de carbone et une plus grande utilisation du bois provenant de forêts gérées de manière durable dans l’environnement bâti d’ici 2030.  

Principales tendances à surveiller

Grâce à son travail sur les Normes du bâtiment à carbone zéro et sur d’autres initiatives de réduction de carbone, il est clair que le CBDCA est aligné sur les solutions discutées sur la scène internationale. Nous continuerons de promouvoir les bâtiments à carbone zéro et les rénovations profondes de décarbonation en réponse à la nécessité mondiale d’éliminer les émissions opérationnelles et de réduire le carbone intrinsèque de 40 pour cent d’ici 2030.

Parmi les autres sujets discutés à la COP28 qui auront un impact sur le secteur canadien du bâtiment, mentionnons :  

  • Le carbone de toute la durée de vie, qui décrit le total combiné des émissions intrinsèques et des émissions opérationnelles sur tout le cycle de vie d’un bâtiment, prend de plus en plus d’importance. Toutes les émissions de carbone des bâtiments doivent être comptabilisées et réduites pour que le secteur atteigne ses cibles en matière de changement climatique.  
  • Les solutions fondées sur la nature, orientées par le nouveau Groupe de travail sur les divulgations financières liées à la nature des Nations Unies, exigeront de l’industrie qu’elle limite les impacts du développement sur les écosystèmes et qu’elle trouve des façons de restaurer les systèmes naturels pour protéger la biodiversité, promouvoir la séquestration du carbone et accroître la résilience.
  • À la fin de la COP, 198 pays ont invité les États à effectuer une transition hors des combustibles fossiles pour les systèmes énergétiques et à adopter l’énergie propre en triplant la capacité de l’énergie renouvelable et en doublant l’efficacité énergétique d’ici 2030.
  • Divulgation du carbone et réglementation : dans le cadre d’événements parallèles, nous avons constaté le rôle prépondérant de l’International Sustainability Standards Board. Les institutions financières considèrent de plus en plus le carbone comme une valeur et s’orientent vers des pratiques crédibles de comptabilisation du carbone. Pour le secteur immobilier, cela signifie que les gestionnaires d’actifs devront faire le suivi des émissions de carbone au même titre qu’ils suivent les indicateurs sur l’eau, l’énergie et les déchets.
  • Adaptation et résilience : les entreprises sont poussées par le secteur financier, comme les banques, les compagnies d’assurance et les investisseurs, à démontrer que leurs bâtiments prennent en compte les risques et les opportunités liés au climat, conformément aux exigences ESG.
Plaider en faveur du secteur du bâtiment durable  

Le CBDCA a également eu l’occasion de rencontrer le ministre Champagne et l’ambassadrice Stewart pour discuter de l’importance des bâtiments à carbone zéro, du ciment et du béton sobres en carbone et du rôle important que l’industrie jouera pour promouvoir ces innovations.

Ces discussions, ainsi que les programmes Breakthrough, valident la stratégie du CBDCA de mettre l’accent sur la planification de la transition à l’échelle des bâtiments et des portefeuilles de bâtiments. Dans la foulée de la COP, le CBDCA continuera de plaider en faveur d’une Stratégie canadienne pour les bâtiments verts qui concorde avec les engagements internationaux dans le cadre de l’initiative Breakthrough pour les bâtiments.

Pour maintenir l’élan, nous avons hâte au premier Forum mondial Bâtiments et Climat qui aura lieu les 7 et 8 mars 2024 à Paris, en France. Ce forum réunira des ministres de partout dans le monde, ainsi que des parties prenantes de toute la chaîne de valeur du secteur du bâtiment, notamment des autorités locales, des ONG et des entreprises du secteur privé.

Dans une perspective d’avenir

Les parties les plus difficiles des négociations ont clairement porté sur la réduction ou l’élimination progressive des combustibles fossiles et le financement des actions climatiques, en particulier le soutien à l’adaptation et à la résilience. Avec la mention de la transition hors des énergies fossiles (une première en 30 ans de diplomatie climatique), un pas a été franchi pour limiter le réchauffement planétaire. Malheureusement, la question du soutien financier à l’adaptation est reportée aux discussions de l’année prochaine en Azerbaïdjan.

Bien que le spectre du changement climatique et son impact sur la planète et les populations restent critiques, j’ai ressenti un certain optimisme en quittant la COP28 du fait que des progrès ont tout de même été réalisés. Même si le changement ne se produit pas à l’échelle et à la vitesse requises pour infléchir la courbe des émissions vers le bas, nous avons vu de nombreux exemples de solutions pratiques et éprouvées mises en œuvre à l’échelle mondiale, qui démontrent clairement une évolution du marché vers des pratiques d’affaires à faibles émissions de carbone. Ces solutions témoignent d’une profonde compréhension du fait que la voie à suivre nécessitera une approche holistique et la collaboration des gouvernements et des entreprises – ces dernières étant représentées en grand nombre pour la première fois.

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